Lundi 6 octobre 2025

CBD : quand l’étiquette masque des substances dangereuses

La Douane vous alerte sur la dangerosité des cannabinoïdes de synthèse susceptibles d’être vendus sous l’appellation « CBD », à l’insu des consommateurs.

En 2024, la Douane française a réalisé 1 591 constatations portant sur des drogues de synthèse, dont 87% via le fret express et postal. Au total, 3,08 tonnes de ces drogues ont été saisies, soit une augmentation de 27%. Parmi ces drogues de synthèse, la Douane souhaite aujourd’hui alerter sur les cannabinoïdes de synthèse et parmi eux, sur une nouvelle gamme de produits apparus en 2025 : des substances initialement présentées comme du cannabidiol (CBD), mais illégalement modifiées par l'ajout de substances de synthèse dangereuses pour la santé.

Ces derniers mois, le laboratoire Douane/DGCCRF de Paris (SCL) a permis l’identification de plusieurs de ces nouvelles substances. Encore marginales en 2024, elles représentent environ 30% des cannabinoïdes de synthèse analysés en 2025. Leur diffusion est donc rapide. La Douane française en a saisi 274 kg depuis fin mai, en plusieurs points du territoire.

Cannabinoïdes de synthèse et semi-synthétiques : un marché en pleine expansion et à haut risque

Si le cannabis est la première drogue produite, trafiquée et consommée dans le monde, ce marché illégal a considérablement évolué ces dernières années avec l’apparition de nouveaux produits de synthèse (NPS) imitant les effets du THC, moins chers à produire mais également plus puissants.

Concernant les cannabinoïdes, on distingue deux catégories de NPS :

  • les cannabinoïdes de synthèse, créés artificiellement à partir de précurseurs chimiques (par exemple, la MDMB-PINACA)
  • les cannabinoïdes semi-synthétiques, issus de synthèse à partir de composés naturels (par exemple le HHC).

Ces produits peuvent se trouver sous une forme pure (substance chimique), qui pourra par exemple être aspergée sur des sommités florales, ou bien être mixée directement avec les produits à consommer.

Outre des problématiques de surdosage du produit par les trafiquants, le risque de santé publique concernant les cannabinoïdes semi-synthétiques est particulièrement important pour les denrées alimentaires adultérées (bonbons).

D’abord, parce que le produit est plus accessible et attractif pour les jeunes consommateurs, mais aussi parce que la lente absorption des substances par ce mode de consommation peut provoquer plus rapidement des intoxications (surconsommation).

Le CBD adultéré : un risque majeur pour la santé

Des produits vendus sous l’appellation de « CBD » peuvent être altérés avec des substances de synthèse. Cette pratique, qualifiée « d’adultération », transforme un produit supposément légal, en une substance beaucoup plus puissante et présentant donc un risque sanitaire important.

Le CBD adultéré désigne ainsi du CBD auquel a été ajouté des substances non déclarées, potentiellement dangereuses ou illégales, dans le but d’en augmenter ses effets ou de réduire les coûts de production.

Le 19 juin 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ont alerté sur les risques de produits du CBD contenant d’autres substances.

Ce communiqué faisait suite à plusieurs centaines d’intoxications recensées depuis le début de l’année 2024. Les agences sanitaires appellent les consommateurs à la vigilance face aux risques d’effets inattendus ou indésirables lors de la consommation de ces produits, et invitent les consommateurs et les professionnels de santé à signaler tout évènement sanitaire.

Ces substances peuvent être vendues sur internet ou dans les magasins spécialisés comme des alternatives légales au cannabis, en étant ajoutées à des produits à base de cannabinol (« CBD à haut potentiel d’effet »).

Faux CBD, vrai danger : explication en images

Interview de Jessica, responsable stupéfiants et médicaments au laboratoire de la douane et de la répression des fraudes

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Sous l’étiquette "CBD", des produits illégalement dopés à des substances dangereuses circulent librement. Attention à ce que vous achetez. Nous avons interviewé Jessica, responsable stupéfiants et médicaments au Laboratoire des douanes et de la répression des fraudes qui nous parle de ce sujet.

Des cas d’intoxications recensés dans le monde et en France

Le CBD adultéré présente des risques d’intoxication pour les consommateurs (molécules peu étudiées, doses variables, polyconsommation, absorption accidentelle, etc.).

Plusieurs cas cliniques ont déjà été recensés dans le monde et en France. La substance la plus utilisée par les organisations criminelles est le EDMB-4en-PINACA. Il s’agit d’un composé synthétique aux effets psychoactifs très puissants, estimés à 100 fois ceux du CBD.

Cette molécule, une fois vaporisée sur les fleurs de CBD, devient extrêmement nocive, et une seule inhalation peut provoquer des effets sévères tels que des hallucinations, agitation, crises de panique, ou encore des troubles du rythme cardiaque pouvant conduire à une hospitalisation d’urgence.

L’attention est appelée sur ces cannabinoïdes de synthèse et les risques liés à leur usage. La plus grande vigilance est donc nécessaire face à des produits vendus comme contenant du CBD. Face à ce risque émergent, la douane française demeure pleinement mobilisée.