Jeudi 22 mai 2025

États-Unis : plus de 80 % des exportations françaises seraient taxées à près de 10 % selon une étude du département des statistiques de la douane

Le Département des Statistiques et Études du Commerce Extérieur (DSECE) de la douane française vient de publier une étude qui analyse les échanges commerciaux de la France avec les État-Unis, les droits de douane et les spécificités françaises par rapport à l’UE.

Un poids important de la facture énergétique dans les importations en provenance des États-Unis

Du fait de la guerre en Ukraine, la France a fortement augmenter l’achat de gaz naturel liquéfié et de pétrole américain afin de compenser la baisse des importations énergétiques originaires de Russie.

Cette contrainte de réorientation de l’approvisionnement énergétique n’est pas sans conséquence sur la balance commerciale entre les deux pays. Ainsi, si le solde était excédentaire en 2019, il est devenu déficitaire en 2024 à hauteur de 4,2 Md€.

Si on compare la France au reste de l’Union européenne, on note que le solde commercial de l’Union européenne est à l’inverse très excédentaire (près de 200 Md€ en 2024). Il repose sur la pharmacie, l’automobile et les machines et émane principalement de l’Allemagne, de l’Irlande et de l’Italie.

Soldes commerciaux FR UE

Des exportations françaises diversifiées même si elles sont portées par l’aéronautique

En 2024, les exportations de la France vers les États-Unis sont en hausse par rapport à 2023 (+3,4 Md€). Elles atteignent 48,5 Md€, soit leur plus haut niveau historique en valeur. Elles représentent 8,3 % des exportations totales de la France.

Ainsi, les États-Unis sont le 2ème plus important client de la France, derrière l’Allemagne (13,3 % des exportations totales), mais presque à égalité avec l’Italie (8,2 % du total).

Les exportations françaises vers les États-Unis sont assez diversifiées (cf. figure n°1) même si elles sont portées par le secteur aéronautique. En effet, le top 3 des produits exportés à savoir :

  • l’aéronautique : livraisons de turboréacteurs, d’avions et de parties d’avions et de turboréacteurs

  • les boissons : cognacs, vins et champagnes

  • les produits pharmaceutiques : médicaments
     

Ils ne représentent qu’un tiers du total exporté.

Exportations FR

Nouvelle politique commerciale américaine : des produits français majoritairement taxés à 10 %

Depuis avril 2025, les États‑Unis ont mis en place un droit de douane additionnel à l’importation dit réciproque. Ce droit taxe à hauteur de 20 % les importations de l’Union européenne, est entré en vigueur mais a été suspendu le jour même pour une durée de 90 jours. Il est remplacé par un droit de 10 % pendant cette période.

Par ailleurs, certains produits sont exemptés de droits de douane et, à l’inverse, certains produits sont plus fortement taxés tels que l’acier et l’aluminium, ou encore l’automobile avec un taux de 25 %.

Ainsi, si l’on fait une projection à partir des exportations de 2024, plus des quatre cinquièmes de la valeur des exportations de la France vers les États-Unis serait taxée à hauteur de 10 %. Cela représenterait 4,5 Md€ de taxes supplémentaires.

La part des produits fortement taxés ou exonérés demeure marginale dans les exportations françaises vers les États-Unis. Bien que certains biens soient soumis à un droit de douane de 25 %, leur poids dans le commerce bilatéral reste limité. Les exportations d’automobiles, par exemple, soumises à ce taux maximal, ne représentent que 4 % du total des exportations françaises vers les États-Unis. L’acier et l’aluminium, également concernés par ce niveau de taxation, ne pèsent quant à eux qu’1 % du montant total exporté.

Par ailleurs, les produits bénéficiant d’une exemption de droits de douane ne constituent que 12 % des exportations totales. Ces chiffres illustrent le caractère relativement restreint de ces catégories dans l’ensemble des échanges franco-américains. Ainsi, 82 % des produits français sont taxés à hauteur de 10 %.

Des niveaux de taxation disparates entre les pays de l’UE

Certains États membres de l’Union européenne, comme l’Allemagne, la Suède, la Hongrie ou la Slovaquie, voient leurs exportations plus lourdement taxées en moyenne en raison du poids important du secteur automobile dans leurs échanges avec les États-Unis. La Roumanie, quant à elle, est particulièrement exposée en raison de ses exportations d’acier et d’aluminium, également ciblées par des droits de douane à 25 %. Pour les produits importés d’Allemagne, le montant des droits de douane est estimé à 19,5 milliards d’euros.

À l’opposé, les produits importés d’Irlande échappent largement à cette pression fiscale. Elle exporte peu de produits taxés à 25 %, et près de 75 % de ses exportations vers les États-Unis sont composées de produits pharmaceutiques, actuellement exemptés de droits de douane.